CONVERGENCIA
Mouvement lacanien pour la psychanalyse freudienne


Quarante-cinq associations de psychanalystes, essentiellement européennes et sud-américaines ont fondé le mouvement de Convergencia.
Ce congrès sera l'occasion de mettre en question et en acte leurs liens de travail et leur engagement dans la politique de la psychanalyse.

Le mouvement de Convergencia n'est pas encore suffisamment connu, ni de l'ensemble des membres des associations qui l'ont fondé, ni des nombreux psychanalystes concernés par les enjeux de la psychanalyse, en particulier face au scientisme qui, à partir d'énoncés empruntés aux sciences, cherche à valider des croyances comme si elles étaient universellement partagées. Le scientisme promeut des idéologies, des conceptions du monde, qui toutes méconnaissent le lien indéfectible entre langage, savoir, désir et sexualité.

Tous les psychanalystes ne sont pas préoccupés par cette politique de la psychanalyse. Certains en ont été détournés par la violence de querelles qui, depuis les réunions du mercredi autour de Freud, n'ont cessé de se raviver. Les tensions engendrées lors des démarches de l'IPA(1) pour exclure Lacan d'une part, les événements organisés par le gendre de Lacan pour inscrire dans l'histoire la destruction de l'EFP(2) d'autre part, ont laissé des blessures.

Lacan, dans une lecture faite lors de son dernier séminaire, annonça d'une part la dissolution de l'EFP, d'autre part son voeu de recevoir des demandes d'affiliation pour une association qui serait créée sous le nom de "Cause Freudienne". De nombreux psychanalystes et d'autres personnes de tout bord ont répondu : plus de mille ! La "Cause Freudienne" fut vite transformée en "Ecole de la Cause Freudienne" dont le gendre de Lacan s'instaura directeur.

A l'époque, beaucoup de psychanalystes ne voulaient pas contrarier un vieil homme fatigué et malade - envers lequel ils étaient en dette - en s'opposant à des propositions peut-être encore investies par lui, même si son gendre en était l'auteur et le bénéficiaire. La dette des psychanalystes envers Lacan ne concernait pas plus son gendre que la dette de Lacan envers Freud ne concernait sa fille Anna.

La "dissolution" de l'EFP fut assimilée par J.A. Miller à celle de Carthage, et, au nom du signifiant "Delenda", il instaura un véritable tribunal d'inquisition envers ceux qui ne lui manifestaient pas les marques de dévotion qu'il attendait. C'est dans ce contexte que la "Cause Freudienne" fut affectée d'un nouveau nom, celui d' "Ecole de
la Cause Freudienne". Refaire une "école" permettait de reprendre les titres de l'ancienne (AE : Analyste de l'Ecole, AME : Analyste membre de l'Ecole), sur la base d'une confusion - que Lacan avait dénoncée - entre gradus et hiérarchie.
Les procès d'inquisition et le détournement de la psychanalyse ont provoqué le départ de presque tous les psychanalystes des générations antérieures qui avaient, jusque-là, accompagné Lacan : Jenny Aubry, René Bailly, Louis Beirnaert, Jean Clavreul, Françoise Dolto, Solange Faladé, Patrick Guyomard, Serge Leclaire, Pierre Legendre, Lucien Israël, Maud et Octave Mannoni, Charles Melman, André Rondepierre, Moustapha Safouan, Christian Simatos...

Le souvenir de ces événements reste assez douloureux et explique, en partie, la réserve persistante de certains psychanalystes devant l'actualité, quand elle interpelle la position de la psychanalyse dans la cité : dans la "politique de la psychanalyse". Le mot "politique", par ailleurs, est à la fois valorisé et connoté négativement depuis ses origines grecques : c'est au nom des affaires de la cité que Socrate fut condamné.

Ces enjeux politiques sont incontournables, et il importe qu'aujourd'hui, à travers Convergencia, ils soient entendus et soutenus de psychanalystes qui - de près ou de loin - sont partie prenante de l'enseignement de Freud et de Lacan, qui noue : théorie, pratique et transmission, en donnant au savoir un statut absolument spécifique. Dans toutes les autres disciplines, le savoir est détenu par des spécialistes qui l'appliquent ; les spécialistes "psy" n'échappent pas à ce modèle, pas même ceux qui affirment prendre en compte la dimension de l'inconscient. Par contre, ne peut tenir la fonction de psychanalyste que celui qui sait que son "savoir" tient une fonction particulière : celle de faire émerger un savoir qu'il ne connaît pas, qui est en jachère dans la parole d'un analysant.
Ce savoir spécifique tient une autre fonction originale : celle de permettre le repérage des fonctions subjectives qui trament les savoirs, les croyances. L'assertion selon laquelle "il n'y a pas de métalangage" en est une illustration. Soutenir cette position, souvent douloureuse, implique des rencontres, des débats, des confrontations, des tentatives renouvelées de théorisations et des publications.

Pour mieux comprendre le projet de Convergencia, inséparable de ses origines sud-américaines, un bref retour historique est nécessaire.

Les différents mouvements psychanalytiques d'Amérique du Sud ne sauraient être confondus avec ce que l'on connaît de la place de la psychanalyse en Amérique du Nord, dont les films hollywoodiens proposent une sorte de modèle "universel". La Maison du docteur Edwards, d'Alfred Hitchcock, en est une illustration particulière : ce film méconnaît complètement la dimension du fantasme, et annonce par ce fait la décrépitude du mouvement psychanalytique nord-américain face aux succès, dans certains milieux de la psychiatrie, du DSM, dont les énoncés se réfèrent à une théorie des "faits" depuis longtemps obsolète dans les autres disciplines. Le DSM propose des répertoires de signes qui ont le statut de "faits", collectés dans des versions successives : DSM III, DSM IV, DSM V, etc... Affirmant s'étayer sur des "faits empiriques" validés selon des critères "objectifs", conformes aux exigences de la statistique, ces répertoires répondent en fait à une logique du "demain on rase gratis": remettant toujours à plus tard les validations expérimentales, qui restent en suspens et jamais accomplies, comme les promesses offertes par des religions qui annoncent des lendemains enchanteurs (3).

HISTORIQUE

Le projet de Convergencia prolonge le Lacano-américain. Pour une meilleure compréhension, il convient de situer l'origine de ce nom : "Lacano-américain", le mouvement auquel il a donné lieu en Amérique du Sud, et son articulation avec l'histoire de la psychanalyse en Europe, en particulier avec la France.

Nous envisagerons successivement :

- la psychanalyse en Amérique du Sud,
- la dissolution de l'Ecole Freudienne de Paris, le Discours de Caracas et l'éclatement, en Amérique du Sud, des groupes lacaniens, qui se sont dissociés, plus ou moins rapidement, de l'Ecole de la Cause,
- la constitution du Lacano-américain et son "dispositif",
- le projet de "Convergencia" qui, venu d'Amérique du Sud, est, néanmoins, dès son origine, lié aux mouvements qui se sont développés en Europe.

La psychanalyse en Amérique du Sud

Du vivant même de Freud, l'Amérique du Sud a été très rapidement influencée par la praxis psychanalytique. Le développement de la psychanalyse en Argentine, au Brésil et en Uruguay y a même anticipé celui qui a eu lieu en France ; Freud et Mélanie Klein, en particulier, y ont été traduits très tôt, et ont influencé de nombreux disciples.(4) Actuellement, le mouvement psychanalytique demeure extrêmement vivant dans les pays de langue espagnole et portugaise.

C'est sur ce terreau que l'enseignement de Lacan a suscité un intérêt qui s'est sans cesse renforcé, au point de faire l'objet de groupes d'études au sein de la branche sud -américaine de l'IPA, alors que Lacan et son enseignement étaient exclus de l'institution internationale.

Si Freud a été plus étudié en français qu'en allemand, Lacan a sans doute été plus étudié en espagnol et en portugais qu'en français.
Toutefois, l'annonce de la dissolution de l'EFP a semé un moindre désarroi en Amérique du Sud que chez les Français.

La dissolution de l'EFP

Ce désarroi de la dissolution a été atténué, en Amérique du Sud, comme par anticipation, grâce aux effets du discours de Caracas, lu par Lacan devant un auditoire qui, enfin, découvrait le maître - sans se rendre compte que le maître ne lisait pas sa propre partition, mais celle d'un autre.(5)
Dans ce discours, qui crée le signifiant "lacano-américain", il est dit que ces derniers "ont bénéficié de son enseignement sans avoir subi les inconvénients de sa personne", et beaucoup de sud-américains se sont alors reconnus comme des "lecteurs" de Lacan - dans un rapport à la transmission différent de celui dans lequel se trouvaient ses "auditeurs".

Auprès des étudiants qui s'intéressaient à la psychanalyse, en Amérique du Sud comme en France, une conséquence de la dissolution fut de promouvoir l'École de la Cause. Par l'artifice qui consiste à entretenir une confusion entre deux registres de la transmission : celui d'un patrimoine et celui d'un discours, l'ECF parut un temps "héritière légitime", jusqu'à ce qu'elle subisse, à son tour, les divisions impliquées par son mode de direction.

En Amérique du Sud, de nombreux groupes se sont scindés ; d'autres se sont créés. Certains groupes se sont retrouvés isolés, n'ayant d'autre recours ; d'autres se sont isolés par aspiration à une pureté de la doctrine, oubliant que pureté et abjection vont de pair. D'autres encore ont préservé des liens d'échanges et de travail, entre leurs membres et avec des "invités" extérieurs appelés à témoigner de leur praxis.

Dans cet archipel, certains analystes ont estimé nécessaire de constituer des liens entre différents groupes qui se référaient à des textes communs.
Dans cette optique, "un dispositif" de rassemblement a été créé, qui a pris nom de Lacano-américain.

Le Lacano-américain

Le Lacano - américain - dont le nom peut être orthographié de différentes manières - est donc une des premières tentatives de regroupement des psychanalystes en Amérique du Sud. Ce regroupement visait à rétablir des liens de travail, des confrontations, des débats entre psychanalystes membres de différentes associations, et "non-associés".

On sait depuis toujours que chaque groupe humain génère ses propres mots de passe, ses rituels (6). Au sein de tout groupe qui se pérennise sans échanges avec d'autres - semblables et différents - la "dogmatisation" et l'orthodoxie vont de pair, dans une méconnaissance de la dimension du désir, ce qui pour des psychanalystes est, pour le moins, paradoxal. Or, l'orthodoxie, pour certains "psychanalystes", est prônée comme un label, à l'encontre même de ce qui fait la spécificité de la discipline dont ils se réclament.

Le premier Lacano s'est déroulé en 1987 à Punta del Este, en Uruguay, et a été reconduit régulièrement, tous les deux ans, dans un autre pays d'Amérique du Sud, dans une autre ville.

J'indique ici schématiquement les éléments du "dispositif", qui a tenu la mission qui lui avait été dévolue, à savoir offrir à tous une modalité de fonctionnement qui puisse exclure la "frérocité" qui s'exerce toujours au nom d'un maître imaginaire qu'il s'agit de faire jouir.

Chaque dispositif comporte un certain nombre de règles, qui peuvent être assimilées à des rituels si elles n'ont d'autre fonction que d'instaurer un mode de relation qui gomme la notion de différence entre les membres d'une communauté. Pour le Lacano, le dispositif instaure une loi pacificatrice, qui modère les compulsions à la violence tout en permettant des échanges parfois très vivants.
Jusqu'à maintenant - nul ne peut préjuger de l'avenir - le dispositif a tenu une fonction symbolisante : il a constitué un lieu où des thèses ont pu être formulées et trouver un écho auprès de personnes qui jusqu'alors s'étaient ignorées.

Ce dispositif offre à chaque association une responsabilité égale, non normative, pour un projet commun :
- le Lacano est patronné par "l'assemblée convoquante" constituée de représentants de chaque association qui s'engage financièrement pour 3 ou 5 inscriptions à chaque Lacano. Au moment des votes, chaque association membre de l'assemblée convoquante compte pour une voix.

- L'assemblée convoquante désigne un bureau. Ce bureau, qui prépare et gère l'infrastructure d'un Lacano, se dissout après l'événement et l'apurement des comptes.

- L'assemblée convoquante se dissout, elle-même, après chaque Lacano. Une autre sera à reconstituer, spécifiquement, pour le prochain Lacano.

- L'assemblée convoquante du Lacano met au vote, au moment de sa conclusion, des propositions pour le choix du lieu où se déroulera le prochain Lacano, et pour le nom de l'association ou des associations qui, en ce lieu, seront chargées de coordonner et de gérer l'événement.

- Aucun thème général n'est proposé. Le Lacano est une opportunité d'un temps et d'un lieu où des personnes membres ou non d'associations peuvent aller témoigner, un à un, de leur travail sans demander d'accréditation, sans sélection des titres, des travaux, des personnes.

- Pour chaque exposé, salle et horaire sont tirés au sort : il n'est tenu aucun compte de la prestance ou de la réputation du conférencier. Seuls influent sur l'organisation et la répartition le nombre d'orateurs inscrits et le nombre de salles disponibles.

- Il n'y a pas de président de séance. Deux personnes sont à la tribune : le conférencier précédent chargé de veiller au respect des horaires et d'introduire son successeur ainsi que le titre de son exposé et l'orateur qui présente son travail pour une durée strictement limitée à 30 minutes. Insistons : il n'y a pas de dépassement d'horaire, même négocié au cas par cas. Le conférencier détermine avec la durée de son exposé le temps de débat qu'il souhaite avec la salle.

Préserver le rapport d'altérité est une fonction essentielle du "dispositif" du Lacano, qui impose des limites à ceux qui ont du mal à concevoir que la fonction du - au moins un - est une fonction symbolique qui ne nécessite pas que quelqu'un soit ou se sente missionné pour l'incarner.(7) Ce dispositif n'est pas figé : il est réévalué à chaque clôture d'un Lacano par l'assemblée convoquante, qui s'interroge sur l'intérêt de sa reconduction ou de sa modification.

Il est toujours possible pour un conférencier d'être interpellé et invité pour intervenir dans un lieu autre, où il sera écouté plus longuement et où ses propositions pourront être plus longuement débattues. Il s'agit là d'activités en marge.


LE PROJET DE "CONVERGENCIA" EN REGARD DU "LACANO"
ET DE "L'INTER-ASSOCIATIF"

Si le projet de Convergencia prolonge le Lacano, il est aussi inséparable d'autres mouvements qui poursuivent les mêmes buts en Europe, en particulier celui de l'"Inter-Associatif". Cet Inter-Associatif, Inter-Associatif de Psychanalyse (statuts votés le 4 février 1991) puis Inter-Associatif Européen de Psychanalyse (janvier 1994), a regroupé des associations dont les membres fondateurs, souvent issus de la dissolution de l'EFP, avaient souhaité rétablir des liens de travail entre eux, entre les membres de leurs associations, indépendamment des clivages institutionnels.

Le "premier Colloque de l'Inter-Associatif de Psychanalyse", en janvier 1991, fut un succès qui anticipa le vote des statuts. Le deuxième colloque accueillit en janvier 1993 les contributions et la participation de nombreux sud-américains. De nouveaux liens (de travail, d'estime réciproque, d'amitié) se sont créés dans la surprise de constater que, malgré la barrière des langues, certaines références communes permettaient de se "parler" et de soutenir des débats passionnants.
Des sud-américains étaient présents l'année suivante à la fondation de l'Inter-Associatif Européen de Psychanalyse, à Bruxelles.

Une des différences entre le Lacano et l'Inter-Associatif Européen de Psychanalyse tient au fait que les liens institutionnels du premier sont sans cesse instaurés et dissous, tandis que pour le second ces liens ont été formalisés pour durer - même s'ils sont fragiles.
Ni le Lacano ni l'IAEP n'ont de secrétariat permanent : les membres des secrétariats changent périodiquement, et ceux chargés d'organiser les colloques ou journées d'étude voient leurs missions s'arrêter après chaque événement réalisé.

Convergencia, qui reprend à son compte certaines options fondamentales de I'IAEP d'une part, du Lacano d'autre part, élargit au monde entier des options jusqu'alors limitées soit à l'Europe soit à l'Amérique du Sud, et dispose ainsi d'une dynamique originale.

Le mouvement de Convergencia concerne tous ceux qui - psychanalystes ou non - sont en dette des enseignements de Freud et de Lacan. Entre Freud et Lacan, aujourd'hui, il est possible d'établir des ponts : en quoi certaines conceptions lacaniennes prolongent, précisent, ou contredisent des énoncés freudiens. Ces repérages sont féconds pour essayer de penser, même si cet exercice est inconfortable car il nécessite, pour chacun, de questionner des énoncés en essayant de situer des différences.

S'il n'est pas forcément pertinent de vouloir mettre en lumière les effets spécifiques d'un enseignement pour des "auditeurs" ou pour des "lecteurs", il est toutefois intéressant d'entendre des collègues de l'autre hémisphère, formés à l'usage des mêmes références, "appliquer" ces références autrement que selon des habitudes acquises depuis longtemps...

Il serait souhaitable qu'à l'occasion du prochain congrès de Convergencia à l'UNESCO l'intérêt des sud-américains envers les Français et les Européens puisse rencontrer une égale attention, pour enrichir les confrontations, pour étayer des points de vue nouveaux, pour étayer, déplacer certaines convictions, ou raviver des questions demeurées en suspens...
Le projet de Convergencia n'est pas né tout constitué de l'imagination de quelques personnes. Il a nécessité de nombreuses réunions de travail de part et d'autre de l'Atlantique et a été ponctué de deux grandes manifestations à Barcelone.
La première, en février 1997, a ouvert le débat sur les conditions théoriques à partir desquelles "fonder" aurait un sens. Cette rencontre a été clôturée sur une décision
des associations convoquantes : celle de s'octroyer un délai d'un an pour fonder. Cela offrait aux mandatés des associations le temps de consulter leurs collègues, de travailler le texte de fondation et de propager les informations autour d'eux.
En octobre 1998, grâce au relais pris à nouveau par des associations catalanes (Apertura et Invencio Psicoanalitica), en présence de plusieurs centaines de psychanalystes, les représentants des associations convoquantes ont décidé de voter le texte des statuts qui fondaient (8) officiellement Convergencia.

Une réunion de l'assemblée générale des représentants de Convergencia (Comité de Liaison Général) s'est tenue à Buenos Aires, au mois d'août 1999, juste après le Lacano, qui avait connu fin juillet à Rosario un succès considérable : travail, fêtes et rencontres.
Cette assemblée générale devait prendre des décisions concernant en particulier le premier congrès de Convergencia, dont les membres du Comité de Liaison Français espéraient qu'il puisse se tenir sous les auspices de l'UNESCO.


LE PREMIER CONGRES DE CONVERGENCIA
Mouvement lacanien pour la psychanalyse freudienne

Ce congrès se déroulera les 2, 3 et 4 février 2001 à Paris, dans les locaux de l'UNESCO, qui a donc répondu favorablement à notre demande, et nous assure de son soutien.

Titre du congrès : L'inconscient.
Sous-titre : Avancées lacaniennes de l'inconscient freudien.

Ce congrès devrait impliquer le maximum de personnes intéressées par la psychanalyse, en leur donnant la possibilité de proposer un travail. En d'autres termes, il s'agit de susciter l'envie de participer à des débats vivants, sans limiter le nombre des interventions, sans créer une tribune avec des vedettes invitées à parler "pour" (9) un auditoire.

Dès lors deux questions se posent :
- quels seront les thèmes sur lesquels porteront les débats ?
- comment seront organisées les sessions de travail ?


Les thèmes envisagés

Six thèmes ont été envisagés pour donner un sens, une logique, une pertinence et un
intérêt aux débats. L'intitulé de chacun de ces thèmes est à entendre comme une
question et non comme une assertion dogmatique. L'étayage des arguments et des
intitulés a fait l'objet d'un important travail préliminaire, de quelques membres de
différentes associations qui se sont attelés aux "plaisirs" d'une rédaction collective... Ces membres auront donc - en plus - le plaisir d'être critiqués.

Ces thèmes ont été votés par toutes les associations françaises convoquantes, qui ont pour charge, outre la préparation et l'organisation matérielle de ce congrès, d'en formaliser le contenu.

La problématique propre à chaque thème a été adressée au secrétariat de chaque association, et est aussi disponible auprès d'AOCC.

Voici le titre des thèmes proposés :

1 - l'inconscient en tant que sexuel
2 - l'inconscient est structuré comme un langage
3 - l'inconscient comme éthique
4 - l'inconscient comme lien social
5 - le transfert comme mise en acte de l'inconscient
6 - l'inconscient comme excès entre mythe et logique

Un thème complémentaire concernant RSI est proposé.

Organisation des sessions de travail

L'ensemble du colloque se tiendra en séances plénières.
Des exposés - tous de la même durée - seront proposés au débat avec la salle.

Les exposés seront réalisés de deux manières différentes, selon qu'il s'agira de travaux de cartels ou de textes individuels.

a) Cartels

Des psychanalystes d'associations différentes, des deux continents, ont ou auront constitué différents cartels. Six de ces cartels pourront profiter de l'événement du colloque de Convergencia pour témoigner de leurs questions, de leurs réflexions, et les soumettre au débat.

Les cartels doivent être déclarés avant le 25 avril 2000 auprès du secrétariat technique du congrès (AOCC) .

b) Les textes individuels :

Chacun, psychanalyste ou non, souhaitant faire état de réflexions ou de critiques concernant les arguments relatifs aux thèmes évoqués plus haut, peut proposer une contribution. Compte tenu du nombre de textes attendus, et pour que chaque texte trouve sa place et ses destinataires, une procédure a été élaborée, qui permettra de rendre compte de l'énoncé de chaque thèse et de son énonciation.
Quel qu'en soit le nombre, la richesse, le foisonnement, tous les textes adressés seront lus, commentés, et soumis aux débats.
Ce dispositif peut constituer une occasion originale de trouver un auditoire : d'une part tous les textes adressés seront à disposition de tous les participants dans les trois langues du congrès ; d'autre part, chaque texte aura fait l'objet d'un travail de lecture commenté avant même l'ouverture des débats du congrès.

Les textes doivent comporter 6000 signes maximum, et parvenir, sur disquette et sur papier, dans les trois langues du congrès (espagnol, français, portugais), à AOCC avant le 15 septembre 2000.
Tous les textes adressés seront publiés en trois langues dans les Actes du congrès.

Des lecteurs, désignés par chaque association, recevront les textes.
Pour chaque texte, deux lecteurs, un européen et un sud-américain, auront à en dégager la problématique, afin de la transmettre à des rapporteurs.

Ces rapporteurs, européens et sud-américains, disposeront à la fois des textes originaux et des comptes rendus de lecture. Après avoir cité le nom des auteurs, ils auront pour tâche de mettre en perspective leurs thèses, initiant ainsi les débats, auxquels pourront participer activement les auditeurs et les auteurs présents dans la salle.

Ce dispositif original (10) implique aussi bien les membres des cartels, les auteurs, les membres des associations désignés comme lecteurs et rapporteurs, que toutes les personnes intéressées par la psychanalyse dans la cité qui voudront bien s'inscrire pour écouter les débats et/ou y participer.

Effets attendus

L'événement que constituera le congrès de Convergencia à l'UNESCO permettra à la psychanalyse de raviver sa présence dans la cité, à l'heure où les pouvoirs publics envisagent de légiférer sans tenir compte de sa spécificité, ne prenant avis qu'auprès de tenants d'autres disciplines : médecins, psychothérapeutes en tout genre, sociologues... pour qui, répétons-le, le mode de rapport au savoir spécifique de la psychanalyse est inconcevable (cf supra).

Cet événement offrira également une occasion pour la psychanalyse de soutenir ses enjeux face aux extravagantes parures que revêtent des pratiques qui se réclament d'elle, aussi bien dans des sectes que dans des unités de soins.

Quel destin sera offert au mouvement de Convergencia après ce congrès ? Nul ne peut connaître, par avance, les effets d'après-coup d'un événement.
Le mode d'intervention des participants et la qualité des échanges permettront sans doute - au moment de conclure - d'envisager quelques perspectives qui seront, elles-mêmes, à débattre...


Jean Szpirko
1° avril 2000
publié dans le courrier de la SPF de mai-juin 2000 - formalise les informations transmises par Maryse Martin, Nora Markman et Jean Szpirko et débattues lors de la soirée des Psychanalystes Praticiens de la Société de Psychanalyse Freudienne le 29 février 2000.



  1. International Psychoanalytic Association
  2. Ecole freudienne de Paris
  3. Aimez-vous le DSM ? Stuart Kirk et Herb Kutchins - Coll. Les empêcheurs de penser en rond - 1998 (version française). Titre de l'édition originale : The Selling of DSM. The Rhetoric of Science in Psychiatry.1992 by Walter de Gruyter, Inc., New York.
  4. Cet historique mériterait d'être plus longuement développé.
  5. Il y a lieu de souligner que Lacan, qui avait jusque-là toujours su tenir son séminaire en s'inspirant juste de quelques notes, fatigué par la maladie, a été amené devant l'assemblée réunie à Caracas pour, cette fois, lire un texte préalablement rédigé - par qui ?
  6. Voir à ce sujet la fonction que donne Freud au Schibboleth - terme qu'il emprunte à la Bible.
  7. Incarner l'exception revient à nommer quelqu'un à cette place, ce qui du même coup le situe comme au-delà de la loi. Pour Aristote cette position ne peut revenir " qu'à une brute ou à un dieu".
  8. Ce texte est disponible auprès de l'Association pour l'Organisation du premier Congrès de Convergencia ( AOCC), secrétariat technique constitué pour régler les problèmes pratiques liés à la prochaine manifestation de Convergencia à l'UNESCO. Ce secrétariat, constitué de Chantal Brigaudiot, Carole Dubus, Maryse Martin, Jacques Nassif et Jean Szpirko, rend compte de son activité au comité de liaison français constitué de représentants de chaque association membre. Ces représentants se réunissent chaque premier mardi du mois au FIAP (Paris 14°).

    Les correspondances sont à adresser à Convergencia-AOCC 72 rue Amelot 75011 Paris . - fax : 01 43 55 40 00 ; e-mail : convergencia.aocc@voila.fr

  9. "pour" peut s'entendre à la fois comme une adresse - à des destinataires -, à la fois comme une sorte de "à la place de...", qui laisse supposer que ce "pour" est, en quelque sorte, en leur faveur. Il fallait, "pour" cet événement, éviter ce type de sous-entendus qui, bien entendu, n'exclut pas l'intérêt de conférences "pour" d'autres circonstances.
  10. Le détail du dispositif figure dans le texte adopté par le comité de liaison français et diffusé à toutes les associations.